« La mondialisation des marchés, le développement de nouvelles technologies, l’augmentation de la compétitivité et de la concurrence, avec leur lot de fusions et de pratiques de rationalisation des effectifs ont entraîné de nouvelles exigences du travail, une diversification des formes d’emploi, une intensification du travail et une précarisation des emplois. Ces changements ont profondément affecté les modes d’organisation du travail qui sont de plus en plus orientés vers la flexibilité dans la gestion du temps de production et d’utilisation de la main-d’œuvre. Aussi, une somme de travail de plus en plus grande est demandée aux travailleuses et travailleurs, et ce, souvent avec de moins en moins de personnel et de ressources financières. Les pressions exercées par ces transformations ne sont pas sans effets sur la capacité de travail et le maintien en emploi des individus, mais aussi sur leur santé. Aussi, les employés qui persistent au travail dans des conditions difficiles éprouvent une souffrance réelle qui, au fil des ans, peut lourdement hypothéquer leur santé mentale. »1

 

En mettant l’accent sur l’analyse des processus psychiques mobilisés par le travail, les recherches réalisées dans le champ de la psychodynamique du travail ont apporté un éclairage particulièrement intéressant sur l’organisation collective de métier et les processus de régulation des contraintes de l’environnement psychosocial de travail (Dejours, 1993; Carpentier-Roy, 2000). S’appuyant sur les sciences herméneutiques pour comprendre ce qui pousse l’individu à l’action, ce volet de la Chaire permet le développement novateur de recherches en psychodynamique du travail. Face à un contexte organisationnel en mouvance, à la pluralité et à l’éclatement des statuts d’emploi dans les entreprises, au recours à la sous-traitance et à l’instabilité des liens d’emploi, on assiste à un éclatement des collectifs de travail et à une fragilisation des identités professionnelles. Nos recherches permettent de mieux comprendre les mécanismes qui lient et délient les personnes dans leur investissement et leur rapport au travail. La méthode de recherche proposée dans cette optique s’appuie sur la participation collective des travailleurs à l’analyse et à la compréhension de leur situation de travail. On s’intéresse aux rapports sociaux de travail à travers des notions comme le soutien social, les collectifs de travail et la reconnaissance. En ouvrant davantage d’espace à la subjectivité et à l’intersubjectivité, ces recherches donneront accès, pour les travailleurs, à une meilleure intelligibilité de leur expérience de travail et offriront ainsi de précieux leviers pour l’action.

 

Ces activités de recherche sont réalisées en collaboration avec le collectif des membres de l’Institut de psychodynamique du travail du Québec, regroupant des chercheurs issus de différentes disciplines ainsi qu’en collaboration avec les chercheurs du laboratoire de psychologie du travail du Centre national des arts et métiers (CNAM) à Paris.

 

1. Tiré de : Louise St-Arnaud et Micheline Saint-Jean (2006), Espace de réflexion, espace d’action en santé mentale au travail, Enquêtes en psychodynamique du travail au Québec, Presses de l’Université Laval PUL, Introduction p. 1.